• Tourner la page ?

     

     

    Quand cette maison de famille de Wisembach sera vendue tournerais-je la page ? La page sera-t-elle tournée comme le veut l’expression ? Pas sûr ! En se débarrassant d’un bien se débarrasse-t-on des souvenirs, des images, des réminiscences, des questions ? Le poids tombe-t-il aussitôt ? Aurais-je envie de repasser par cette maison, cette route ? J’irai sans doute au cimetière dire bonjour aux morts. Aurais-je envie de louer une maison de vacances dans les Vosges ? Pour continuer à faire du tourisme, chose que je n’ai jamais faite étant enfant puis adolescente à Wisembach. Là est née mon envie d’ailleurs, mon goût des voyages.

    Pour le moment la page n’est pas encore tournée de toutes façons. Des visites, il y en a, après la vidéo sur Youtube. Le seul nom de Wisembach en dissuade quelques-uns. Pas assez près de Saint-Dié. Après viennent les travaux à envisager, la cuisine ou la salle de bain à refaire. Quand un couple s’enthousiasme, sa banque ne suit pas. Comme dit l’agent : « Il suffit d’un ! » Mais oui bien sûr. L’élu ne s’est pas encore pointé. Faut-il changer quelque chose pour emporter la décision ? Le prix sans doute, mais alors, on brade. Et ça fait encore plus mal. Qu’aurait fait papa s’il avait vendu ? Lui qui n’a jamais digéré la vente de sa maison de famille, la tuilerie de La Rochepot ? Au point de bâtir une maison neuve sur le terrain attenant, un verger lui appartenant, au grand dam de maman qui voyait d’un mauvais œil cet investissement déplacé selon elle. Pour elle, il ne faisait aucun doute qu’on garderait sa maison de Wis. La seule interrogation qu’elle pouvait avoir était : Bertrand ou Catherine ? Elle n’a jamais voulu trancher. Cela pose la question de la décision ou non vis à vis des héritiers. Pour moi aussi je pensais en hériter naturellement et son silence là-dessus m’a blessée. Cela aussi a fait partie de la décision de vendre. J’ai toujours pensé qu’un jour ou l’autre me reviendrait ce lieu que je modèlerais à ma guise comme j’ai pu le faire avec Le Lavandou, posant ainsi ma marque, celle de ma génération sur ce lieu, avant que la prochaine génération ne s’en empare. C’est encore possible. Mais je me sens seule à l’envisager. Et les sous ne sont pas sans fond. Ce serait peu réaliste.

    Mes goûts me portent vers la mer et le soleil, moins vers l’est et le froid. Même si en prenant de l’âge, ces lieux sauvages m’attirent davantage. Le voisinage des chevaux et des arbres me plaît. L’idée de terminer ma vie là où elle a commencé aussi. J’ai été conçue à Saint-Dié pendant la nuit de noces de mes parents, un certain 10 avril. En plein printemps. « Il y a eu un feu d’artifice entre mes parents. C’était le soleil de la vie et moi déjà j’étais dedans » disait Prévert. J’ai longtemps pensé que je m’installerais sur le banc, attendant des passants pour raconter Wisembach ou d’autres lieux, dans mon âge très avancé, un peu comme Mme Koenig, qui a quitté le village, a vécu à Marseille avant de finir ses jours seule, en face, dans la ferme Baradel, où Mme Baradel a passé allègrement ses 100 ans… Mais l’histoire risque d’être différente. Attendons les prochains visiteurs ! 

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :